peyotl ou peyotle Lophophora williamsii le cactus hallucinogène des tarahumaras
Partager la publication "peyotl ou peyotle Lophophora williamsii le cactus hallucinogène des tarahumaras"
Le peyotl (Lophophora williamsii ou Echinocactus williamsii), ou peyote, est un petit cactus globuleux, dépourvu épine, à racine très développée (en forme de carotte) de la famille des cactacées. la fleur est rose ou blanche. On le trouve en général regroupé en paquets mais il peut être trouvé seul. Le Lophophora williamsii croît lentement sur les hauts plateaux désertiques.
Originaire du sud-ouest Américain (Texas et Nouveau-Mexique) et du plateau mexicain central, on le retrouve maintenant sur une plus large répartition. le mot peyotl est un mot nahuatl (langue parlée au Mexique et au Salvador par les nahuas (groupe ethnique duquel les Aztèques et les Pipils faisaient partie). Le nahuatl reste la langue indigène la plus parlée au Mexique) signifiant brillant, soyeux, blanc dû à l’aspect de la dépression centrale du cactus. Son diamètre varie entre 5 et 10 cm et sa hauteur peut atteindre 20 cm.
Chez les Indiens Huichols de la Sierra Madre qui est située à plusieurs centaines de kilomètres des zones où pousse le peyote, la récolte donne lieu à un pèlerinage annuel à la fin de la saison des pluies, la « chasse » au peyotl. Lors de cette collecte vieille de 3000 ans, les indiens consomment sur place des tranches de cactus fraîchement coupé très amer et ramène les autres collectées à la tribu. Seul l’apex du cactus est coupé sans toucher à la racine qui ne contient que des traces de mescaline, ce qui permet à la plante de repousser en environ 3 ans.
Ils seront alors coupés en tranches fines et séchés au soleil donnant ainsi des boutons de mescal (mescal button) qui serviront ainsi toute l’année lors des cérémonies importantes de la tribu. Ces boutons seront également utilisés comme médicament pour soulager la faim et la fatigue. Les plants les plus âgés sont les plus riches en mescaline et du fait de la croissante très lente de l’espèce, ces gros spécimens sont bien sûr très vénérés et les plus prisés lors de ces chasses.
Le peyotl contient une quinzaine d’alcaloïdes dont le plus actif est la mescaline (H17NO3) (3,4,5-trimethoxy-phenethylamine) responsable des effets hallucinogènes du peyotl. En effet la mescaline est un sympathomimétique c’est à dire qu’elle augmente légèrement la fréquence cardiaque,
la pression artérielle, la transpiration et la salivation. Comme les autres hallucinogènes, elle provoque une mydriase importante c’est à dire une augmentation du diamètre de la pupille (à l’opposé du myosis). Elle est active à des doses de 300 à 500 mg par voie orale. On la trouve également chez le cactus de San Pedro (Trichocereus pachanoi ).
les effets hallucinogènes apparaissent relativement lentement avec un maximum d’effet au bout de 4 heures.
Hallucination psychédélique, visuelle riche en couleur, et auditive.
C’est sous l’emprise de cet hallucinogène (la mescaline) qu’ Henri Michaux a écrit Misérable miracle, essai « expérimental » dans tous les sens du terme, composé de textes et de dessins exécutés par l’artiste sous l’emprise de la drogue.
C’est également sous l’ effets de cette même substance que Aldous Huxley a écrit The Doors of Perception.
D’autres, avant Michaux, Huxley ou même Antonin Artaud, ont testé la mescaline et y ont éprouvé un certain plaisir, du moins une réelle fascination. Ainsi le Docteur Ludwig Lewin cite le récit d’un jeune étudiant en médecine qui s’est proposé volontaire pour absorber de la mescaline et en décrire les effets :
« … La première phase est une sorte de retranchement du monde extérieur et l’apparition d’une vie purement intérieure qui suscite l’étonnement…
À la deuxième phase se présentent des images de cette vie exclusivement intérieure, des hallucinations sensorielles, des mirages…, accompagnés la plupart du temps de modifications de la vie psychique…
Aucune impression désagréable ne trouble les heures que dure cette vie de rêve… Le sujet se sent toujours en disposition joyeuse. En comparaison du monde tel qu’il apparaît alors, le monde d’autrefois semble pâle et mort… arabesques coloriées, figures géométriques… dessins de tapisseries… à côté de ces objets peuvent apparaître des personnages parfois grotesques, des nains de diverses couleurs, des créatures fabuleuses… L’individu a l’impression de ne plus rien peser ou d’avoir grandi, ou une impression de dépersonnalisation ou du dédoublement de son « moi ».
Le sujet conserve une conscience claire et active et aucun obstacle ne s’oppose à la concentration de son attention. Il éprouve le besoin de faire de l’introspection. »
(Voir la source)
Il faut savoir que le Peyotl est un cactus qui devient de plus en plus rare, de part le commerce très lucratif exercé par les indiens du Nord du Mexique (les seuls habilités à en vendre et à en consommer). Il a d’ailleurs été inscrit en 1991 sur la liste des plantes menacées de disparition par le gouvernement mexicain. Sa culture, est très difficile, est une forme de sauvegarde active d’un patrimoine en perdition.
En effet, Henri Michaux trouve dans la mescaline une nouvelle voix d’exploration: l’usage répété et maîtrisé de cette drogue doit lui ouvrir les portes d’états mentaux encore inconnus. Il faut ajouter que pour lui la poésie puis le dessin sont des moyens d' »exorciser » le réel, donnant ainsi à ses œuvres une fonction auto-thérapeutique.
La mescaline, ça donne bien mal à la tête.
Dans le film de Jan Kounen « Blueberry, l’experience secrete », le réalisateur a également expérimenté le peyotl pour en tirer des images psychadéliques de folie !
Le film (au cinéma, en DIVX, sur emule, en VOD ou bittorrent) laisse ainsi une impression de véritable expérience sensorielle vraiment déstabilisante.