L’art de la procrastination …
La procrastination, qu’est ce que c’est ?
Derrière ce mot barbare, se cache en réalité toute une philosophie, un art de vivre, nous pourrions même aller jusqu’à dire un sacerdoce. En effet, si la société de consommation et les capitalo-libéraux qui règnent sur nos vies d’occidentaux tendent à mettre en avant les valeurs « travail« , « efficacité« , « rapidité« , « rentabilité« , la pratique de la procrastination va à contre courant.
Cette pratique, tire son origine du verbe procrastiner (du latin procrastinationem, « pro » = avant et « crastinus » = demain), et consiste littérallement à « l’ajournement » également traduit par certains par la « paresse« . Là où l’adage veut que l' »on ne remette pas à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui », le procrastinateur, lui, adopte la pratique opposée.
Certains verrons ici l’apologie de la paresse et de la fainéantise, mais ce serait ne voir le phénomène que par le petit bout de la lorgnette. En effet, si la paresse est tant décriée, il faut concevoir la procrastination, en tant qu’art de vivre, comme une pratique active et non une léthargie stérile. Il s’agit bien de l’ART de repousser toujours à plus tard ce que l’on doit faire.
Le fainéant va se contenter de ruminer vautré dans son magnifique canapé en cuir bon marché dans l’unique but de ne rien faire, par pur fainéantise (comme son nom l’indique), n’ayant même pas conscience qu’en lui sommeil un procrastinateur né. Ne le blâmons pas, sa foi s’animera tôt ou tard, du moins, pouvons nous l’espérer.
Le procrastineur, lui, va mettre sur pied des projets sérieux, qu’il va ensuite s’appliquer à ne jamais mener à bout. L’artiste procrastinateur voudra dessiner, mais passera son temps à tailler ses crayons, faire des essais de couleur, remettre son projet en cause. Plus communément, chacun d’entre nous n’a-t-il pas un jour fait couler un café, puis bu celui-ci, puis lavé sa tasse, puis lu un article de plus dans le magazine people qui trainait sur la table de la cuisine, avant de réaliser qu’il était en retard pour son rendez-vous chez l’esthéticienne pour son épilation définitive (puisqu’on finit tous par en avoir marre d’être poilu(e) à force de toujours remettre à demain cette satanée épilation) et, ainsi ne pas remplir sa fiche de déclaration d’impôt, qu’on s’était pourtant juré, cette année, de rendre dans les temps.
Qui n’a pas déjà vécu telle situation?
Il est important que chacun d’entre nous puisse voir en lui cette capacité à procrastiner et prenne conscience de la vraie nature de l’homme. Il faut que l’on rentre dans le droit chemin et que l’homme reconnaisse enfin son vrai visage. Celui qui fera, qu’enfin, l’on vivra dans la paix et l’harmonie.
N’oublions pas que l’essence même du progrès réside dans la procrastination. En effet, s’il n’y avait pas eu un procrastinateur chevronné pour refuser de traîner des charges inhumaines sur le sol et se dire « fait chier, je ferai ça demain!« , il n’aurait certainement jamais pris le temps de réfléchir à la mise au point ce qui est aujourd’hui devenu la roue, puisqu’il aurait foncé tête baissée, comme tous les autres « courageux » pour remplir sa tâche de bête de somme!!!
Mais ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autre. Internet est d’ailleur un formidable outil de procrastination. Ne suis-je pas, en tapant cet article en train de ne pas faire quelque chose plus importante, plus urgente, plus productive? Si! Je sers pourtant la cause et suis en cela un fin militant de la procrastination. Et vous, que faites-vous en ce moment même?
Cette sainte démarche a été pervertie par l’appel du profit. La procrastination fut marginalisée puis méprisée mais nous pouvons lutter. Rien n’est perdu… Réveillez le procrastinateur qui sommeil en vous!
Amen.
Pour résumer, la procrastination c’est l’humanité qui sommeille en chacun de nous, l’anticorps qui combat le virus du travail (forcé, ou tout du moins « obligatoire »), fléau de la société moderne. Procrastiner c’est résister ?
😉
Merci Montagnard pour ce très beau premier billet !
Pour répondre à ta question: procrastiner, c’est être libre.
Taper tout là, c’est résister!!!
Merci pour l’initiative de ce site…
Comme je dit souvent : « Pourquoi remettre à demain ce qu’on peut faire après demain ? »
merci…. à présent je vois la lumière, ma vie va changer radicalement
« pourquoi faire dans cette vie ce qu’on peut faire dans une vie prochaine. »
Je suis bien contente (depuis que j’ai découvert ce mot) de constater que je ne suis pas la seule. Avant je me sentais embarrassé de constater qu’au tour de moi les autres sont des « bosseurs ». Maintenant j’assume de plus en plus….
Merci pour cet article!!!!